25/02/2017
Peu de vêtements peuvent se targuer d’avoir réussi l’exploit de devenir des intemporels dont le succès n’est plus à faire. Mais plus qu’un intemporel, le blouson en cuir porte à lui tout seul un certain nombre de symboles et imprègne son côté cool et rebelle d’une manière indélébile sur la pop culture depuis des décennies. Symbole tour à tour de revendications ou d’appartenances, le blouson en cuir est aussi un modèle fort, capable de rendre un rôle de cinéma inoubliable, un personnage de série incontournable ou une rock star immortelle.
Après l’histoire de la veste en cuir et le guide ultime du blouson en cuir, découvrez les blousons en cuir cultes de la pop culture !
Quand le blouson en cuir fait son cinéma, il peut rapidement devenir aussi culte que le personnage qu’il habille en investissant l’inconscient collectif pour toujours. Qui aura oublié le fameux blouson en cuir rouge de l’énigmatique Tyler Durden, personnage joué par Brad Pitt dans Fight Club ? Ou encore la veste en cuir marron d’Indiana Jones, professeur d’archéologie le plus cool de l’univers ? Réservé presque exclusivement à des rôles masculins qui ont marqué le cinéma américain, le blouson en cuir reste un symbole de virilité qui se retrouve sur le dos de tous les tough guys du grand écran, de Terminator à Mad Max, en passant par Rocky.
Au commencement, il y avait Brando. Moulé dans son perfecto Schott, le jeune Marlon Brando lance la mode du jean et du perfecto en cuir aux États-Unis dans L’équipée sauvage, film sorti en 1953 et resté célèbre grâce à la prestation de l’acteur. Il incarne le chef d’une bande de motards rebelles « Les rebelles noirs » qui sèment la pagaille dans l’Amérique d’après-guerre et incarnent une jeunesse en lutte contre le conformisme. Le mythe du « blouson noir » était né.
Quelques années plus tard, dans La fureur de vivre, c’est un autre acteur américain mythique qui incarne le désarroi de la jeunesse des années 50 issue des classes moyennes américaines. Avec son blouson en cuir, James Dean campe le rôle d’un étudiant révolté qui peine à trouver sa place, ce qui n’empêchera pas l’acteur de trouver la sienne au panthéon des acteurs américain inoubliables malgré un destin tragique.
Marlon Brando dans l’équipée sauvage (1953), James Dean dans la fureur de vivre (1955)
Au cinéma, quand on veut représenter le bad boy des années 50, la recette est simple : un jean, un t-shirt uni et un perfecto en cuir noir suffisent (sans oublier la gomina dans les cheveux et la fameuse coiffure « banane »). L’exemple le plus illustre reste John Travolta et sa bande des T-Birds dans la cultissime comédie musicale Grease, sortie en 1978 sur les écrans américains. Depuis ont a rarement fait mieux en matière de faux bad boy tombeur au grand cœur, sauf peut-être Johnny Depp dans Cry Baby, sorte de remake parodique de Grease mettant en scène l’amour impossible de deux adolescents appartenant à des clans ennemis. Le syndrome Roméo et Juliette.
John Travolta & les T-Byrds dans Grease (1978), Johnny Depp dans Cry Baby (1990)
Dans Easy Rider, road movie manifeste de la génération hippie, Peter Fonda et Dennis Hopper incarnent deux jeunes motards qui entament une sorte de traversée initiatique de l’Amérique profonde et de ses communautés tantôt peace & love, tantôt racistes et conservatrices. Leurs looks excentriques et surtout leurs blousons - perfecto en cuir noir avec drapeau des États-Unis dans le dos pour l’un et blouson à franges en daim pour l’autre - rendent ces personnages de la fin des années 60 inoubliables. Un look sixties avec blouson en daim et pantalon en cuir qui n’est pas sans rappeler celui de Jim Morrison, mythique chanteur des Doors incarné au cinéma par Val Kilmer en 1991 dans le fameux biopic d’Oliver Stone.
Val Kilmer dans The Doors d’Oliver Stone (1991), Peter Fonda et Denis Hopper dans Easy Rider (1969)
Bien que le perfecto soit le modèle le plus représenté au cinéma, le blouson aviateur a lui aussi connu ses heures de gloire sur grand écran, en particulier en 1986 avec la sortie de Top Gun. Grâce à un Tom Cruise au sommet de sa popularité et à son fameux modèle de blouson pilote G1 de l’armée américaine, les ventes de blousons aviateur explosent suite à la sortie du film. Un effet inattendu mais compréhensible tellement le personnage de Maverick transpirait de coolitude. En 2004 c’est Leonardo Dicaprio, un autre golden boy hollywoodien qui enfilera son uniforme d’aviateur pour camper le personnage d’Howard Hughes dans Aviator, biopic réalisé par Martin Scorsese autour de la vie du richissime homme d’affaires.
Tom Cruise dans Top Gun (1986), Leonardo Dicaprio dans Aviator (2004)
Et le cinéma français dans tout ça ? Bien que le blouson en cuir soit une invention américaine dont l’image reste associée aux grands rôles d’acteurs américains iconiques, il n’en reste pas moins qu’ici aussi, en France, le blouson en cuir s’est frayé un chemin dans les salles obscures. Dans les années 80, Jean-Paul Belmondo le porte comme personne en agent des services secrets à l’affiche du Professionnel de Georges Lautner tandis que Thierry Lhermitte et Philippe Noiret jouent les ripoux en perfecto et veste en cuir dans le film du même nom récompensé par trois Césars en 1985.
Jean-Paul Belmondo dans Le professionnel (1981), Thierry Lhermitte et Philippe Noiret dans Les Ripoux (1984)
Dans les années 90, le cuir reste toujours symbole du mauvais garçon, du type peu fréquentable qui boit, se drogue et ne renonce jamais devant une bonne bagarre. Ce type, c’est Brad Pitt en Tyler Durden avec sa veste en cuir rouge dans Fight Club mais c’est aussi « Rent-boy » le personnage de jeune drogué joué par Ewan McGregor avec son bomber en daim marron dans Trainspotting.
Brad Pitt dans Fight Club (1990), Ewan McGregor dans Trainspotting (1996)
Bonne nouvelle, même dans le futur le blouson en cuir sera encore tendance ! Que ce soit le futur post-apocalyptique de Mel Gibson dans Mad Max avec son total-look cuir parfait pour les poursuites à grande vitesse sur l’asphalte, le perfecto en cuir noir d’Arnold Schwarzenegger dans la série des Terminator ou encore le blouson en cuir marron de Han Solo dans le dernier opus de la saga étoilée Star Wars ; le blouson en cuir reste un élément indispensable de la panoplie du héros qui se fait rarement marcher sur les pieds (sauf peut-être par une certaine Princesse Leïa).
Mel Gibson dans Mad Max (1979), Harrison Ford dans Star Wars Épisode VIII (2015),
Arnold Schwarzenegger dans Terminator (1985)
Finalement, les bad boys de l’histoire du cinéma, avec leur veste en cuir et leur attitude faussement rebelle, ne sont jamais totalement mauvais. Professeur de danse ou aventurier archéologue, Patrick Swayze dans Dirty Dancing et Harrison Ford dans la saga Indiana Jones ne sont en réalité que deux tombeurs au grand cœur. Perfecto d’un côté, blouson en cuir marron - fabriqué expressément par la firme américaine Wested Leather Co pour résister aux cascades d’Harrison Ford - de l’autre, ils font tomber les filles comme des mouches avec leur look en cuir.
Harrison Ford dans Indiana Jones (1981), Patrick Swayze dans Dirty Dancing (1986)
Mais il n’y a pas que le septième art pour fabriquer des héros sur-mesure dont le look en cuir emblématique marque la pop culture de manière indélébile. Dans les séries télévisées aussi (surtout dans les séries américaines), le blouson en cuir est à l’honneur et fait partie de la panoplie de nombreux personnages mythiques. Et quand on pense blouson en cuir iconique de la télévision, on pense évidemment au personnage de Fonzie dans Happy Days. Archétype du « blouson noir » des années 50, Fonzie est un mauvais garçon au grand cœur qui crèvera le petit écran en blouson en cuir pendant dix ans, de 1974 à 1984 sur la chaîne ABC. D’autres personnages marquants de la télévision, comme le héros de la série MacGyver dans les années 80 ou plus récemment les membres du gang de motards ultra-violents de Sons of Anarchy, ont réussi à imprimer de leur cuir patiné les rétines des téléspectateurs pour de nombreuses années à venir.
Henry Winkler dans Happy Days, Richard Dean Anderson dans MacGyver, Charlie Hunnam dans Sons of Anarchy
Avec l’avènement du Rock’n Roll dans les années 50, le blouson en cuir devient l’uniforme et le moyen d’expression d’une génération anticonformiste en quête de liberté. Symbole absolu du rockeur rebelle, d’Elvis Presley à Sid Vicious, le blouson en cuir perd cependant l’essence de son message contestataire avec l'arrivée de la Pop dans les années 80.
En 1954 avec le titre « That’s all right mama », Elvis Presley rend populaire un nouveau genre de musique dont le rythme endiablé dérivé du Blues deviendra synonyme de rébellion pour toute une génération : le Rock’n Roll. Une révolution musicale qui s’inscrit dans le mouvement contestataire de toute une partie de la jeunesse américaine, dont les nouveaux héros s’appellent Marlon Brando et James Dean. Il faudra cependant attendre le milieu des années 60 pour que les rockeurs, toujours habillés de costumes tirés à quatre épingles, adoptent le look rebelle du « blouson noir ». Un look devenu emblématique des débuts du Rock’n Roll.
Gene Vincent, Elvis Presely, Vince Taylor
La deuxième moitié des années 70 est marquée dans l’histoire de la musique par l’arrivée du Punk : un mouvement d’abord politique, lié à la contestation radicale de l’orde établi. Une idéologie anarchique qui passe par une redéfinition des codes esthétiques et par l’adoption d’un modèle de blouson en cuir emblématique : le perfecto. Abimé, customisé et décoré de clous, de patchs ou d’épingles à nourrice, le perfecto devient un moyen d’expression pour des groupes iconiques du mouvement comme les Ramones, les Clash ou les Sex Pistols. Pour eux, porter un blouson en cuir est un attitude, un symbole.
The Clash, The Sex pistols, The Ramones
Dans les années 80, le blouson en cuir devient mainstream et quitte la sphère des guitares électriques. Le modèle inspire les plus grands créateurs de mode parisiens comme Claude Montana ou Thierry Mugler, et les artistes Pop en vogue du moment lui assure une seconde vie. Jusque-là uniquement masculin, le blouson en cuir séduit de plus en plus de femmes, en commençant par la toute jeune Madonna et son look garçon manqué mémorable. Mais le blouson en cuir le plus célèbre des années 80 restera à jamais le modèle en cuir rouge et noir que portait Michael Jackson dans le clip de « Thriller » en 1982. Indétrônable.
Madonna, Michael Jackson, George Michael
Le phénomène du blouson en cuir, qu’il soit lié à la mode, au cinéma ou à la musique, est un phénomène issu de la culture américaine. Une culture qui s’exporte très bien et qui trouve écho dès les années 60 en France. De nombreux artistes adopteront le blouson en cuir dans leur carrière, en particulier le perfecto, qui devient une véritable marque de fabrique pour certains, comme pour le chanteur Renaud à la fin des années 70 ou le dandy Daho dans les années 80.
Renaud, Etienne Daho, Johnny Hallyday
Mode d’expression politique et social avec le mouvement punk à le fin des années 70, la customisation du blouson en cuir devient une forme d’expression artistique dans les années 80 avec les artistes Pop Art et Street Art les plus célèbres de l’époque : Keith Haring, Andy Warhol et Jean-Michel Basquiat. Quand Keith Haring relooke le dos de son vieux perfecto de ses motifs emblématiques, Jean-Michel Basquiat se fend d’une couronne au dos du sien. Une affirmation esthétique du perfecto en cuir qui continue d’inspirer les artistes d’aujourd’hui.
Perfecto Keith Haring, Andy Warhol, perfecto Jean-Michel Basquiat
Que ce soit au cinéma, à la télévision, dans la musique ou même dans l’art, le blouson en cuir aura marqué à jamais l’histoire de la pop culture. Et à travers cette histoire tumultueuse, il aura réussi à devenir un modèle intemporel incontournable de notre garde-robe.
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